L’été météorologique (différent du calendrier) a débuté le 1ᵉʳ juin 2024. Au 15 juillet, nous avons fait la moitié du chemin. Que peut-on retenir de cette première moitié de l’été 2024 ? Décryptage avec notre météorologue Benoît Morel.
Températures plus fraîches que la normale
Les masses d’air fraîches sont récurrentes depuis le 1ᵉʳ juin. Elles sont véhiculées par les dépressions atlantiques qui se situent à des latitudes plus basses que d’habitude. Résultat, les températures se sont retrouvées le plus souvent inférieures aux normales de saison. Les chiffres sont flagrants puisque nous obtenons une valeur moyenne de 15.8°C (températures minimales et maximales comprises) et un déficit thermique de -1°C à l’échelle départementale.
Peu de précipitations contrairement aux idées reçues
« Il pleut tous les jours ! » → FAUX ! Les chiffres parlent d’eux-mêmes : il est tombé en moyenne 28.2 mm de pluies du 1 juin au 15 juillet. Le déficit pluviométrique est plutôt important, de l’ordre de -51% à l’échelle départementale. Pour autant, il n’est pas question de sécheresse et en cause les nombreux nuages qui cachent les rayons du soleil, évitant de « griller le sol ». Les basses températures, le vent d’ouest/nord-ouest et surtout les pluies tombées depuis octobre dernier, ont aidé à éviter un épisode de sécheresse durant cette première partie d’été.
Ensoleillement correct en juin, pas des moindres en juillet
Sur le mois de juin, on totalise 213 heures (+8%) d’ensoleillement (station de Rouen, seule disponible pour cette donnée). Il en est seulement de 71 heures pour la première quinzaine de juillet, ce qui est très peu (-64%) par rapport à la normale.
En quelques mots, nous pouvons conclure que cette première partie d’été est fraîche et sèche. L’ensoleillement est plutôt mitigé si on prend en compte juin et la première quinzaine de juillet.
Été pourri, vraiment ?
Remettons un peu les pendules à l’heure. En météorologie et en climatologie, nous n’utilisons pas le ressenti de chaque être vivant, qui est tellement différent d’une personne à une autre. Il existe plusieurs centaines de stations météo disponibles dans toute la France qui relèvent quotidiennement différents paramètres tels que la température, le vent, la pluie, etc. Grâce à ces données, à l’aide des instruments météorologiques, nous pouvons constater en restant objectif. À titre d’exemple, l’intensité de la pluie sera perçue différemment d’une personne à une autre. C’est donc pour ça que nous, météorologues et climatologues, réalisons des bilans climatologiques.
Théoriquement, cette première partie est donc plus fraîche, très sèche et peu ensoleillée.
Il y a eu bien pire que ça
Pour un début d’été plutôt similaire, il faut remonter en 2011. Néanmoins, celui-ci était très humide et moins ensoleillé, comme 2004, 2002, 2000… Il y a eu aussi 1993, 1988, 1980, 1978.
Vous avez un point « vous êtes ici », l’été 2024, qui figure dans la « normalité » au Havre. Comme vous pouvez le constater, la courbe s’est nettement inversée en 40 ans. Au XXᵉ siècle, les mois d’été frais ou normaux étaient réguliers. Ils sont devenus très rares depuis les années 2000.
La corrélation entre le ressenti « pourri » ou « médiocre » et les étés frais rares sont parfaitement logiques. Depuis 20 ans, la ville du Havre est davantage habituée à connaître des mois d’étés plus chauds, qu’en cas d’été frais ou normal, ça en devient « catastrophique ».
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